Les bijoux et parures ethniques de l’artiste Paul Jacoulet
Avec l’exposition Un artiste voyageur en Micronésie, le Musée du Quai Branly à Paris réunit, pour la première fois en Europe, l’essentiel des travaux graphiques de Paul Jacoulet. Plus de cent soixante dessins, croquis et peintures ont été sélectionnés. Ils ont été réalisés de 1920 à 1950, principalement en Micronésie, mais également en Corée et au Japon. Bien avant la photographie couleur, les aquarelles et les estampes colorées de ce peintre hors normes ont su restituer l’univers bigarré de la Micronésie. Accordant une place particulièrement attentive à l’esthétique des parures, elles témoignent de l’importance de l’ornement corporel dans les pays d’Océanie.
Des bijoux ethniques en coquillage, corail, fleurs
Dans les archipels de Micronésie, Paul Jacoulet a découvert des sociétés qui ont érigé la parure en expression artistique majeure. Hommes et femmes ont un même souci d’embellir leur corps avec des tatouages, des ornements de chevelure et des fleurs. Transmis d’une génération à l’autre par les femmes, colliers, ornements d’oreilles et bracelets constituent le plus précieux des héritages.
Les coquillages, coraux et écailles de tortues utilisés pour leur fabrication figurent parmi les principales richesses locales. Les parures sont également composées de cheveux, dents d’animaux, plumes, fleurs…
Certaines sont entièrement végétales et relèvent de techniques sophistiquées de nouage et de vannerie. Si les perles en verre d’origine européenne, principalement les bleues monochromes, étaient très prisées, les pierres naturelles étaient rarement utilisées.
En Océanie, au delà de leur valeur esthétique, les parures corporelles – tatouages, vêtements, bijoux et autres objets de prestiges – ont un rôle symbolique : elles renforcent spirituellement leur propriétaire. Elles fournissent également à l’ensemble de la société des informations sur le statut de celui ou celle qui les porte, son âge, son niveau social, voire son mérite.
Après un combat victorieux, par exemple, un chef pouvait recevoir un bracelet en os qui lui conférait un statut supérieur à celui des autres chefs. L’ornement de chevelure jouait un rôle primordial et les peignes étaient très élaborés et décorés.
Traditionnellement, le port des bijoux est ici indissociable des danses cérémonielles qui accompagnent les moments forts de la vie sociale.
Le tatouage comme parure corporelle
La Micronésie a connu de forts changements culturels au cours de la première moitié du XXème siècle. La tradition du tatouage, notamment, tendait déjà à disparaître lorsque Paul Jacoulet visita la région.
C’est grâce à ses relations personnelles nouées avec les autochtones qu’il a eu accès à l’imagerie intime des tatouages. Au-delà de leur dimension artistique, ses séries réalisées à l’aquarelle et à la mine de graphite constituent aujourd’hui un témoignage iconographique unique.
La faune et la flore
Paul Jacoulet puisait également son inspiration dans la nature. Il a rassemblé une imposante collection de papillons – 30 000 spécimens ! – dont les couleurs brillantes et l’élégance éthérée exprimaient son idéal de beauté. Il a toujours aussi été fasciné par l’esthétique des plantes, fleurs et arbres fruitiers qui incarnaient à ses yeux la beauté fragile et transitoire de la vie.
Paul Jacoulet
Artiste voyageur Paul Jacoulet a produit une œuvre originale. Arrivé au Japon à l’âge de trois ans, en 1899, il a été initié par deux maîtres de la peinture classique japonaise.
Durant toute sa carrière, guidé par sa passion pour les modes d’expression artistiques japonais, il a porté une attention particulière à la qualité et à la composition des pigments de couleur. Il a aussi utilisé des matériaux naturels, souvent précieux, tels la poudre de perle ou le mica, pour magnifier la réalité. Il a su manier le crayon avec une particulière habileté.
www.quaibranly.fr/
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